Servitudes Virtuelles

Pour introduire la lecture de ce livre assez récent paru en 2023 aux éditions Seuil, je vais vous faire part d’une petite anecdote la dernière fois que je suis sorti dans Paris.

Je me rappelle avoir interpellé une jeune fille qui avait l’air perdue. Elle me dit : « je cherche mon bus pour me rendre dans le 91 ».

On était la nuit vers 23h30 et en me montrant les panneaux « Noctilien » tout en consultant son téléphone mobile et un service de géolocalisé de type Google ou Plans. Elle ne comprend pas son bus n’est pas à l’endroit ou il devrait être. Je lui tend le bras vers l’arrêt: ça c’est la N, elle me rétorque « Nuit, Noctilien » je rigole et je reprend : « L’arrêt en face de toi c’est le réel » ensuite je lui désigne son téléphone et je reprend de plus belle, ça c’est « virtuel ».

Elle fait demi-tour et elle me dit : « tu as raison ».

Je trouvais l’anecdote amusante pour vous introduire ce livre de Jean-Gabriel Ganascia dont on avait déjà parlé dans mon article sur les Sciences Cognitives et qui fait montre de toute son éminence grise dans ce livre intitulé Servitude Virtuelle. Quel titre ! Tout un programme n’est-ce pas ?

Et pourquoi pas ne pas commencer par la fin du livre et faire une analogie avec le discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie écrit 400 années plus tôt ?

« Ils s’en servent par forme et pour épouvantail plus qu’ils ne s’y fient. Les archers barrent l’entrée des palais aux malhabiles qui n’ont aucun moyen de nuire, non aux audacieux bien armés. Ce sont les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener , puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt le recherche… »

Ce site scientifique et pédagogique que j’ai crée vous donne toutes les clés pour comprendre le numérique, les sciences qui en retournent donc Servitudes Virtuelles rentre dans cette démarche . J’ai voulu vous en dévoiler une partie de son contenu.

L’auteur tente de répondre à ces questions en abordant des thèmes très actuels et démarre par un fabuleux concept :

Dans la nature, la rose des vents était censé guider les marins pour la navigation à l’aide de ses pétales. Encore une preuve que la nature a tout inventé et la technologie ne fait que la copier comme je l’ai déjà montré dans mon article sur l’appareil cérébral.

Pourtant nous vivons dans une époque ou les mathématiques rêvent de contrôler la nature.

1/Hors-ligne, Off-life, l’ouest. (Là ou le soleil se couche)

L’auteur commence à l’ouest, cet état est dis Off-life, Hors-life il y parle de dataïsme concept inventé par le chercheur homosexuel israëlien Harari, et repris par Chris Anderson du célèbre magazine Wired qui pense que la théorie va disparaître en conséquence.

La création d’humanoïde par le japonais Hiroshi Ishiguro.

Ensuite l’auteur parle de métensomatose numérique c’est à dire de transfert de l’esprit dans le corps humain par téléchargement pour au final arriver à l’état de mort décidé à par un agent artificiel, un programme ou un ordinateur. L’auteur plagie volontairement 4 passages d’un roman transhumaniste dont vous l’aurez compris nous ne sommes finalement pas loin aujourd’hui en 2025.

2/ Online, le Nord. (L’étoile Polaire, Vénus)

Ensuite dans un deuxième temps nous sommes dans le Online, en ligne. La vie numérique par excellence.

Dans l’online l’auteur nous apprend que l’ancêtre du protocole hypertexte date de la seconde guerre mondiale en 1945 par un physicien du nom de Vandevar Bush qui a écrit un traité intitulé As We May Think ?

L’auteur y parle des projets Neuralink d’Elon Musk nommé par le syntagme dentelle neurale.Pour résumer tous ensemble nous ne formerons plus qu’une fratrie connecté par une puce qui nous augmentera et nous permettra de contrôler l’Intelligence Artificielle.

Mark Zuckerberg souhaite aussi mieux connaître ce que les personnes pensent pour mieux profiler et mieux personnaliser la publicité.

Ce sont des projets dont les neuropsychologues doutent de la faisabilité pour la raison qu’il y’a 3 phases pour accéder à la mémoire : encodage, consolidation et accès.

3/ En vie, Onlife, l’Est. ( Là ou le soleil se lève)

L’auteur fait mention de la blockchain, idéal cyberpunk de hack, mathématisation binaire de l’argent en blocs cryptographiques et diverses fonctions de hachages censés renverser l’ordre établi et se passer du système bancaire. Rappelons que la blockchain a été inventé en 2008 après la crise des subprimes par un japonais répondant au pseudonyme de Nakamoto.

Est évoqué Hannah Arendt grande philosophe juive expatrié aux Etats-Unis dont sont mentionnés les travaux sur la culture, la vie contemplative, la vie active, la vie de l’esprit (Cultura Anima).

Sont évoqués la culture de masse, la reproduction mécanique des œuvres, leur transports et leurs diffusion. Mais aussi le travail, l’œuvre et l’action pour un homme

Le taylorisme a l’extrême avec le morcellement du travail de plus en plus grand et l’exemple des Amazon Mechanical Turks, ces petites tâches très peu rémunérés qui étaient faites par des humains qui étaient des petites mains qui auraient très bien pu être remplacés comme je l’ai lu dans un autre livre de Max Tegmark : La vie 3.0 par des IA codées pour gagner de l’argent facile.

4/ Enfin le Offline ou le Hors Ligne. Le Sud.

L’auteur évoque la ZAD de notre dame des landes et des personnes complètement déconnectés du monde actuel mais qui se battent pour des causes tout à fait nobles et qui sont obligés finalement pour se faire entendre de faire une incursion dans le online.

Ensuite l’auteur nous invite à prendre un marteau comme vous pouvez le voir en couverture pour déconstruire tout cet univers numérique et il nous invite à réfléchir à 4 principes éthiques ou d’équité pour tenter d’orienter le monde dans la bonne direction.

1/Autonomie,

2/Bienfaisance et non Malfaisance

3/Justice

4/Transparence

Le livre se termine enfin en apothéose avec un petit trésor que je ne divulguerai pas pour vous forcer à l’acheter.

De plus il est très documenté et il ne faut absolument pas négliger les notes et leurs renvois lors de la lecture. Beaucoup de sources numériques de haut vol et universitaires sont inscrites dans l’index finale et valent le coup d’être explorées après ou pendant lecture.

Je vous recommande vivement l’achat de ce livre très actuel.

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